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Release party de Naouack: le report !

Un report forcément marqué par tous ces sourires et cette bonne humeur qui accompagnaient les fans de Naouack vers 23h15 sur le parvis de la Coopé. Le 1er Juin dernier, ils sont venus nombreux, fêter comme il se doit la sortie du premier album du trio et seront repartis avec des étoiles plein les yeux, portés par une première partie de luxe, avec Pumpkin et Vin’s Da Cuero et un final en apothéose.

 

Deux entités fortes s’annoncent ce soir-là : deux façons d’envisager le rap. Excité par la promesse d’une belle affiche hip-hop, j’arrive pour une fois, pas trop en retard! Il n’y a pas de hasard, le duo nantais composé de la rappeuse Pumpkin et du beatmaker Vin’s Da Cuero, est déjà sur scène. Ils sont prêts à délivrer avec générosité et conviction, leur rap subtil et fédérateur.

Crédits: Sophie Hervet

 

Voilà un groupe que je suis depuis des années, et que je n’avais encore jamais vu sur scène à mon grand regret. D’abord clairsemé, le public grandit à vue d’œil, et il en faudrait plus pour décontenancer nos deux complices. Le rap est aussi l’art d’une communication directe avec son auditoire, animé par la volonté permanente de créer les conditions d’une communion collective. Pumpkin aime ce challenge, cette nécessité d’aller chercher la salle, cette obligation créative de capturer les regards, de libérer les énergies, de créer tout simplement l’émotion et les conditions de la fête.

Crédits: Sophie Hervet.

Composée de titres extraits de leurs derniers maxis, « Persona non Gratis » et « Chimiq », la setlist fait aussi la part belle à l’exceptionnel album (adjectif que je maintiens, confirme et assume !) « Peinture Fraîche » sorti sur leur propre label indé, Mentalow Music (indé n’étant pas un vain mot ici !). Pour ma part, je me surprends à danser sur le live ultra énergique de « Mauvais genre », au beat groovy (et presque disco) imparable. Je découvre avec grand plaisir la version tout en nuance (sans Boog brown et Rita J, en feat sur la version studio) de « Louder » pour l’un des instrus les plus remarquables et entêtants de Vin’s Da Cuero. Le musicien, que je retrouve d’ailleurs avec surprise au « back vocal », caractéristique live qui renforce la sincérité évidente qui émane de cette union scénique entre ce grand bonhomme aux allures de joueur de basket (et petite private joke entre eux !) et de cette artiste singulière et inspirée, physiquement habitée par sa musique et ses textes. Il fallait voir la façon dont elle a imposé un silence, plein de respect et d’interrogation, lorsqu’elle s’est lancée en a capela sur l’intro de « Rose Combat », dans une scansion pleine de fierté et de tension. Alternant les plaisirs, le public devient tout simplement dingue sur les premières mesures de « Fifty Fifty ». Mais aussi sur le medley hommage, à la grande histoire du rap ricain (dont ils sont de vrais amoureux), et sur lequel ils balancent moult gimmicks à notre attention, dans un jeu de questions-réponses qui s’en donne à cœur joie. Mission remplie haut la main, pour les Nantais, vous revenez quand vous voulez et pourquoi pas en tête d’affiche pour la sortie de votre prochain album !

Il faut bien une demi-heure, pour laisser redescendre la température et faire place neuve pour l’arrivée de Naouack.

Mr Vin’s, Mc Yacé et Wizz sont particulièrement excités à l’idée de retrouver leur public, mais surtout de donner corps en live à la matière nouvelle de leur premier album « Trop bien mais trop court ».

Nos amis n’aiment pas faire les choses comme tout le monde, et aiment se démarquer. Le show commence sur une drôle de mise en scène. Mr Vin’s et Wizz, affalés sur un canap, jouent tranquilles à la console. On a l’air de les faire chier, quelque part nous nous tapons l’incruste ! Nous avons tous rappliqué chez eux, sans faire gaffe. Pas de problème, l’appart est grand, et les garnements ont pas mal de choses à dire! Dans l’ordre du tracklisting de l’album (à vérifier tout de même auprès d’eux) se succèdent, « Trop bien », « A l’ouest », et plus loin donc « Walking raide » ( une intention dans l’interprétation qui suggère un solide vécu pour Mr Vin’s et Wizz en la matière!), « La croisière s’amuse » qui malgré son humeur electroswing sautillante, parle avec poésie, de la situation dramatique de ceux que l’on nomme désormais les migrants. L’identité du groupe se manifeste une nouvelle fois dans la capacité à déconner, à se moquer d’eux-mêmes tout en abordant des sujets graves, sans trop se pendre la tête, dans un esprit festif et fédérateur, qui vaut parfois mille fois plus que tous les discours. Certains pourront reprocher le manque de distance par rapport à certains objets, mais les Naouack ont l’énorme avantage de ne pas se réfugier derrière des faux-semblants, et d’assumer clairement leurs positions. Et puis honnêtement, dans une approche de plus en plus consensuelle et convenue de la scène, parler aujourd’hui ouvertement des problèmes de fond de la société devient presque un devoir mais aussi une façon de perpétuer l’héritage du sens de l’engagement des No One is innocent, Assassin, Zebda et autres Bérus…..

Crédits: Sophie Hervet.

 

Le binôme thématique autour de la bière et de la picole que constitue « Mise en bière » et justement « Walking raide » apporte une aération et un décalage dans le concert qui relance même de plus belle, le show. Je le sens néanmoins, Mr Vin’s, Mc Yacé et Wizz se sont mis la pression, (tout à leur honneur d’ailleurs et sans jeu de mot!). Ils ont bossé comme des beaux diables pour se présenter sous leur meilleur jour à domicile, et l’exercice du soir a valeur d’un véritable test grandeur nature.

Crédits: Sophie Hervet.

C’est peut-être d’ailleurs Wizz, qui semble le plus libéré de la bande, moins présent au mic (même s’il n’hésite pas renvoyer la réplique à l’occaz) mais de plus en plus affirmé dans l’exercice du pad, où il se montre particulièrement expressif et beau à voir délivrer en direct les beats dynamiques du set. Quelque chose se libère d’ailleurs au moment d’aborder la dernière partie du set, les trublions retrouvent leurs anciens morceaux, qui ont marqué l’histoire du groupe comme « Pro Pollution » ou « Mc Carton ». La foule en redemande. Les trois potes profitent de tous les instants, et même épuisés, après un show d’exception, ils ont la banane sur scène . Ils trouvent les ressources et la motivation pour partager leurs impressions au stand de merch, dans une proximité qui impose le respect. Tout le monde est bien, a envie de rester, signe d’un moment de plaisir partagé et collectif, que tous voudraient voir se prolonger.

Crédits: Sophie Hervet.

Les Naouack se produiront tout l’été sur scène pour présenter fièrement et cranement « Trop bien mais trop court ». Je vais conclure, piteusement sur cette vanne de service téléphonée, en affirmant que si ce concert était trop bien, il était bien évidemment trop court. A vous donc de prolonger le plaisir en fonçant foncer les retrouver sur leur tournée estivale en mode trio et même sur certaines dates accompagnés de leur brassband.

Un grand merci à Sophie Hervet, pour la qualité de ses photos sans lesquelles, cet article ferait pâle figure. Retrouvez son travail sur sa page FB.

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