Renaud Brustlein, plus connu sous le nom de H-Burns, est l’un des « singing songwriters » les plus attachants et les plus talentueux de la scène française, auteur d’albums magistraux entre pop raffinée, folk minimal et envolées rock émotionnelles. Notre homme vient tout juste de sortir un nouveau disque lumineux, généreux et élégant, « Midlife », rempli à ras bord de trésors et de merveilles. A quelques jours de jouer au Baraka, à Clermont, pour la première date de sa nouvelle tournée, il nous a fait l’immense honneur de répondre à nos questions, en toute simplicité.
Bonjour Renaud, chez VoltBass, nous sommes ravis de te voir revenir à Clermont-Fd ! Tu as quelque part une attache particulière à notre ville! A quoi est t’elle due, selon toi?
Ben…. Elle est due au fait que j’ai pré-produit un disque là-bas (Night Moves- 2015), j’ai enregistré un disque là-bas ( Kid We Own The Summer- 2017), et puis j’ai aussi un illustre clermontois dans mon groupe, à la batterie. * Et c’est déjà pas mal, je crois, pour un port d’attache. (rire)
*( NDR en la personne de Yann Clavaizolle, batteur des Elderberries, de Sungraze….. )
Une relation très forte semble t’unir avec Yann effectivement, mais aussi avec d’autres musiciens clermontois ?
Ouais c’est sûr. Pour la date du 11 avril, j’ai invité Matt Low en ouverture. Je suis très ami avec les membres de la nébuleuse Pain Noir, j’apprécie aussi un groupe qui s’appelle les Wendy Darlings. Toute une clique comme ça, des musiciens comme Adam Wood, les Elder évidemment. Mine de rien, en fait, on n’est pas de la même région, même si elle s’est agrandie, mais j’ai une deuxième famille là-bas.
Ton actualité, c’est un nouvel album. Qui dit nouvel album dit nouvelle tournée.
Avec des titres magnifiques à défendre comme « Tigress », « Actress »,« Midlife», ou encore le très énergique « Black Dog » , aux côtés de morceaux cultes comme « Night Moves » ou « Naked», comment tu as envisagé la setlist de cette nouvelle tournée, pour défendre ton album « Midlife »?
(Rire) Ben, tu viens de décrire à peu près la set list, que vous pourrez découvrir jeudi prochain. C’est exactement ça! Forcément, nous avons fait la part belle au nouvel album, parce que c’est le dernier, et que j’ai vraiment envie de le jouer, et qu’il soit bien présent pendant le concert. Dans les morceaux que tu as cités, nous voulons jouer les plus énergiques parce qu’en live, nous n’avons pas envie d’être trop dans l’introspection.
Maintenant je commence à avoir pas mal de disques, je suis obligé d’épurer forcément. Nous avons été chercher un peu partout dans ma discographie, des classiques entre guillemets, les « Nowhere To Be », « Night Moves », « Naked ».
Nous avons eu la chance de te voir lors de ta dernière venue au Tremplin à Beaumont, où la scène était devenue un lieu de rencontre et de partage, en se terminant par un bœuf mémorable. Plus largement, qu’est ce que t’as apporté la musique et notamment dans ton rapport aux autres ?
Question difficile, mais en tout cas, je pense qu’elle m’apporte de plus en plus de sérénité, de moins en moins de stress devant le public. Je sens beaucoup de bienveillance par rapport aux gens qui me suivent, de la fidélité aussi. J’ai l’impression que ce cercle s’agrandit un peu plus à chaque fois. Et du coup, quand j’arrive en concert, je ne suis plus en posture défensive. Je suis très content d’être là, et très content de partager des choses, mais aussi d’en recevoir. Cela fait vraiment ça, depuis « Night Moves » je ne sais pas pourquoi. Peut-être un déclic dans ma tête. J’ai l’impression de recevoir autant que ce que je donne, depuis 2015.
Alors qu’avant, je ne me posais même pas la question, je regardais mes pieds, j’essayais de faire mes chansons. Je me posais sans doute pas assez la question de savoir qui est dans la salle ? Et quelle interaction, il est possible d’avoir avec le public? Alors qu’il est possible de prendre l’énergie des gens, et de s’en servir. Qu’il y ait un vrai courant qui passe ! J’essaie de recréer ça, maintenant à chaque fois.
Justement jeudi prochain, au Baraka, tu vas te retrouver très proche du public. Malgré une notoriété certaine, nous trouvons très chouette que tu sois attiré par de petits lieux comme le Baraka, alors que tu joues aussi dans de très grandes salles. Qu’est ce que tu apprécies dans cette proximité, avec tes fans, avec le public ?
Déjà c’est la première date de la tournée, c’est symbolique pour nous, comme il y a une partie du groupe qui vient de Clermont. Nous avons des attaches là-bas, nous nous y sentons bien. Et puis faire ça, dans un club de Rock’n’roll c’est important, parce que c’est un peu les racines. Pour nous, c’est vraiment les racines de pas mal de choses, d’attaquer cette tournée comme ça, dans un petit club, à Clermont, proches des gens, avec pleins d’amis dans la salle. Nous avions envie de lancer cette tournée comme ça. Cela nous permet de mettre le pied à l’étrier en douceur, mais aussi en faisant la fête pour la sortie de l’album.
Nous sentons chez toi, que malgré les années, aucune trace de lassitude, et qu’il y a un côté très humain et très simple dans ton approche de la musique !
La lassitude, le jour où j’en aurai, je pense que j’arrêterai. C’est un peu une évidence mais c’est la vérité. Pour ne pas en avoir, j’essaie à chaque fois de remettre en question mes méthodes de composition, d’écriture, mes thématiques, mon fonctionnement. Là, en l’occurrence, nous avons aussi beaucoup changé la communication autour du disque,comme le visuel de la pochette. Nous voulions aussi quelque chose de beaucoup plus direct dans le traitement de la voix sur l’album. Nous voulions aussi intégrer un peu d’humour et de second degré, parce que je n’ai pas envie d’être dans un ron-ron, un petit train-train. Ce qui me motive, c’est de ne pas m’ennuyer tout simplement, tout bêtement.
Dans ta discographie, il y a vraiment une continuité, tu as construit une identité qui t’est propre, tu as créé un univers qui est le tien. Mais par contre, nous avons le sentiment, que finalement chaque album a quelque part sa personnalité. Quelle était l’humeur ou l’inspiration qui a été celle de « Midlife » ?
L’humeur bilan un peu. L’humeur, j’ai presque 40 balais. L’humeur, je me pose pas les mêmes questions qu’il y a vingt ans. L’humeur d’où je viens ? Qui je suis ? Qui sont mes potes ? Qu’est-ce qu’ils sont devenus ? Est-ce que c’est toujours les mêmes potes ? Qui j’ai rencontré depuis ? Qu’est-ce que j’aime dans ma ville, qu’est-ce que je déteste ? Pourquoi j’en suis parti ? Pourquoi j’aime y revenir ? Mais aussi avoir un peu d’humour dans tout ça. Voilà être à un âge de faire le bilan, de ne plus regarder derrière soi, mais de ne regarder que devant. C’est ça le mood, je dirais, mais tout en gardant un peu de cynisme et d’ironie.
Là, j’avoue que je suis vraiment dans le moment présent, avec l’envie d’en profiter. J’ai capté un truc, qui me permet d’être qui je suis, au moment où je le suis. Sur scène, je vais revenir à un truc beaucoup plus acoustique. Pour moi, c’est aussi un bilan scénique, à la fois dans le répertoire, dans le choix de l’instrumentation, de l’orchestration, c’est quelque part, un peu le résumé de ces treize années écoulées.
Un morceau est très singulier, sur ton nouveau disque, se nomme « Pretty Mess », un titre assez surprenant. Est-ce que c’est un titre que tu vas jouer sur scène ?
Non, a priori, je ne le jouerai pas sur scène, mais il était très important sur le disque, car il résume bien les thématiques de l’album. Et pour la petite histoire, ce que vous entendez sur l’album, c’est une maquette que j’ai fait chez moi. Cela n’a pas été fait en studio, c’est la démo telle qu’elle a été enregistrée à la base. Nous l’avons gardé telle quelle, « maison » on va dire, pour garder ce truc très intimiste, très « chambre à coucher ».
Tu vas faire beaucoup de dates pour cette tournée, au printemps ? Comment ça va se passer ?
En fait, la tournée va principalement se concentrer sur l’automne. Le printemps va être consacré à la promo, autour de l’album, parce que mine de rien, cela prend beaucoup de temps. J’ai appris qu’il y avait toujours un décalage, entre le moment où on sort un disque, le moment où on fait la promo, et le moment où on part en tournée. Faut savoir prendre son mal en patience, parce que nous avons très envie de jouer tout de suite. Mais j’ai envie de défendre le disque aussi dans les médias.
Le gros de la tournée sera à la rentrée, même si de belles choses nous attendent, avec la date de la Maroquinerie le 14 mai, et nous ouvrirons pour Cat Power à la Philharmonie de Paris, début juillet, ce qui est très chouette.
Un petit mot pour terminer pour tes fans clermontois, qui te retrouveront en concert le 11 avril au Baraka.
Je me réjouis de les voir, et j’espère qu’ils ne seront pas trop dans un grand soir, car le surlendemain, j’ai un concert, et faut pas que je mette une semaine à m’en remettre ! ( Rires aux éclats) Les départs de Clermont sont parfois douloureux. (Rires).