Phoenix Music Fest

Bonjour Kevin et VoltBass et merci d’avoir préparé ces questions qui aideront j’espère à mieux connaître le Phoenix Music fest.

Je suis de formation juridique d’origine (licencié en Droit administratif et constitutionnel) puis j’ai été créateur et animateur d’émissions radio dans une radio associative de Limoges. Suite à un concours national je suis devenu concepteur-réalisateur de produits multimédias et je me suis spécialisé dans l’audiovisuel et en particulier le court métrage (de fiction et aussi reportage) et j’ai écrit, réalisé et monté une vingtaine de courts de 1mn à 25mn, la plupart thrillers fantastiques et épouvante dont 5 ont obtenu des prix internationaux (en particulier « Rose Castle » qui a été primé plusieurs fois à Los Angeles et Moscou, sélectionné en Croatie, à Berlin et Rome). J’avais utilisé comme bande son de ce film et certains autres des extraits musicaux de célèbres groupes Dark-Electro et atmosphère ou Métal comme X-Fusion, Larva, Limited Booze Boys, Intoxicated Affection, ce qui a contribué à me faire connaître par le milieu underground.

En ce qui concerne mes activités directement liées à la musique je m’occupe par le biais de mon association d’un label qui a pour but d’aider à promouvoir et distribuer des groupes et artistes internationaux indépendants de différents styles et mon label en compte une dizaine pour l’instant.

J’adore le symbole du Phoenix, oiseau légendaire qui renaît de ses cendres, oiseau de feu aussi, et comme je suis quelqu’un qui va au bout de ses projets et de ses envies et que je suis signe de feu, le nom « Phoenix » m’a paru tout de suite évident. La suite « Music Fest » coulait de source bien sûr.

Depuis 20 ans, par mes courts métrages thrillers et d’épouvante j’ai utilisé des musiques d’atmosphère dark et je connais donc assez bien le milieu underground. J’avais ce projet de créer un festival depuis plusieurs années, j’ai franchi le pas et, même si c’est difficile bien sûr et demande énormément de travail, je dois dire que je ne regrette pas.

Mes attentes ? Qu’il y ait beaucoup de monde pour cette première, que la fête soit complète, que les gens s’amusent dans cette période morose et que le Phoenix renaisse de ses cendres !

Depuis pas mal de temps en fait parce que, ayant beaucoup voyagé, j’étais il y a quelques années dans le joli département de l’Ain et j’avais déjà envie de faire produire des groupes que j’aimais (comme SEELENNACHT et 2 ou 3 groupes punk-rock suédois) mais ça ne s’est pas fait à cette époque car la salle et les partenaires n’étaient pas assez sérieux.

Très peu… et même encore moins ! Le minimum syndical on va dire !

J’ai toujours préféré les équipes avec peu de personnes mais motivées et spécialistes dans leur secteur plutôt que celles avec beaucoup de monde dont la plupart ne font rien.

Alors la salle où auront lieu les concerts sera précisément le hall des fêtes (accolé à la salle des fêtes) qui est appelé aussi Marché couvert (avenue de la Gare à Giat). J’ai choisi ce lieu en fait parce que d’une part je voulais que le festival soit couvert (en cas d’intempéries) et d’autre part, étant né dans le département de la Creuse limitrophe, j’ai retrouvé un ami d’adolescence (David) qui m’a fait connaître le lieu puis on en a parlé avec le maire et les adjoints et voilà comment tout a commencé depuis octobre 2018. Mais je dois dire que je n’ai pas eu l’aide escomptée et promise par la municipalité et encore moins par les associations communales qui nous ont plutôt mis des bâtons dans les roues au lieu de nous faciliter la tâche.

Au début non car le Puy de Dôme est un département assez dynamique et plutôt ouvert aux nouvelles expériences et aux nouvelles musiques, et la commune de Giat a tout de suite trouvé le projet intéressant, mais en y réfléchissant nous aurions du choisir un endroit moins reculé ou en tout cas plus prestigieux qu’une simple salle des fêtes pour accueillir les groupes et le public.

Je choisis les groupes du festival comme je choisis les acteurs de mes films, en les écoutant, en les voyant sur scène et en parlant avec eux. Je connaissais certains groupes déjà depuis longtemps (comme LARVA dont j’avais utilisé des morceaux pour des films, ou SEELENNACHT qui avait envie depuis plusieurs années de jouer avec moi) ou depuis un peu moins longtemps (comme DAGEIST ou SWAN DEATH pour qui j’ai écrit le scénario de leur dernier clip « Splendor Solis »).

Les conditions pour programmer un groupe sont simplement que j’aime ce groupe, qu’ils aient une bonne mentalité (selon moi), qu’ils soient honnêtes et assez souples, et que ça touche le style Dark, EBM, Industrial, Métal ou Electro, ou tout à la fois !

Question très intéressante. Je vais y répondre dans l’ordre de la programmation.

1. RED GORDON : en fait j’avais déjà ma programmation (6 groupes) mais, en en parlant avec les autres membres de l’asso, on a été d’accord pour ajouter un groupe local (de Clermont-Ferrand) de Métal Hardcore en ouverture (dès 14H15) pour mettre le feu pendant 35mn ! Je suis heureux de faire jouer ce jeune groupe et je pense qu’ils ont une belle carrière devant eux.
2. MANTRA : j’ai découvert ce jeune mais déjà expérimenté groupe de Progressive Métal de Rennes et de la Creuse par hasard, il m’a en fait été conseillé par une personne qui dirige un établissement dans lequel j’avais séjourné suite à une panne de moteur de ma voiture lorsque je m’étais rendu dans le Puy de Dôme pour discuter avec le propriétaire d’une salle de concert. Toute une aventure ! J’ai tout de suite aimé le style à la fois puissant et atmosphérique de ce groupe qui a fait plus de 80 festivals et scènes depuis 2010, dont le très célèbre HellFest.
3. SWAN DEATH : c’est un groupe provenant de diverses origines (Belgique, Ecosse, Espagne, Hollande, Vietnam) de style goth-Rock et New Wave et c’est aussi le groupe le plus ancien puisqu’il a été formé en 1988 et ont joué avec de très grandes stars comme Lacrimosa, Deine Lakaïen ou Umbra et Imago. Je suis heureux d’avoir écrit en grande partie le scénario du dernier clip « Splendor Solis » de Swan Death.
4. DAGEIST : c’est une formation electro New Wave de Lille qui monte très nettement en régime depuis l’an dernier puisqu’après avoir joué en France avec Trisomie 21 et Lebanon Hanover, ils ont joué en Belgique au WFest aux côtés de Front Line Assembly, She Past Away, Covenant et Project Pitchfork et au WGT à Leipzig avec Centhon, Heimataerde, Seelennacht et Solitary Experiments.
5. LARVA : nul besoin de présenter ce groupe barçelonais de Harsch Electro Dark Industrial très expérimenté fondé il y a 20 ans qui fait partie à la fois des plus talentueux, novateurs, tout en étant très humble (ce qui est assez rare dans ce milieu) et très accessible. Je me fais une joie de rencontrer Marc et Anoxia qui ont fait plus de 300 concerts en Espagne et partout dans le monde (Allemagne, Portugal, France, Grèce, Russie, USA, Finlande et ailleurs) en compagnie des plus grands groupes comme AMDUSCIA, LAEATHER STRIP, FUNKER VOGT, TERROLOKAUST, SOMAN, STAHLNEBEL & BLACK SELKET, C.LEKKTOR, UNTER NULL.
6. SEELENNACHT : ce groupe électronique allemand de DarkPop Romantic très élégant créé en 2008 par Marc Ziegler voit sa carrière et son fan club exploser particulièrement depuis 2-3 ans, ayant joué dans de nombreux festivals de renom, notamment le WGT de Leipzig en 2018 et l’Amphi Fest à Cologne.
7. V2A : groupe dark-electro post apocalyptic anglo-allemand fondé en 2001.

Effectivement j’ai trouvé normal de programmer 2 groupes locaux (Red Gordon qui sont de Clermont donc vraiment du coin, et Mantra qui sont moitié de la Creuse et moitié de Rennes) et tous 2 des groupes Métal (Hardcore pour le 1er, Progressive pour le 2ème) pour montrer qu’il n’y a pas en France que le HellFest ou Métal Cultures.

Ce n’est pas vraiment en programmant 2 groupes Métal que j’ai souhaité faire venir le public mais surtout en essayant de proposer une programmation de qualité et variée.

Je ne me sens pas particulièrement plus proche du Métal que du Dark-Electro, ça dépend en fait, parfois j’aime le Métal et parfois le Dark-Electro, mais j’aime aussi d’autres genres, mais ce que j’aime surtout c’est déceler les mélodies derrière les bruits.

Pour la buvette j’ai fait appel à la Brasserie de la Creuse (de Felletin) car je me suis bien entendu avec son responsable Alessio.

J’ai contacté plusieurs food-trucks des environs pour la restauration.

L’association « Phoenix Management » qui gère le festival aura effectivement un stand sur lequel seront vendues notamment des bandes dessinées (comédies policières, drames psychologiques) que l’association distribue. Tous les groupes auront également leur stand. Il est encore possible bien entendu de proposer un stand.

N’étant pas des adeptes du capitalisme et du néo-libéralisme sauvages, nous avons souhaité que notre festival puisse être accessible à tous et même, surtout, aux plus modestes, malgré la présence d’une affiche de qualité je pense.

Il est toujours très difficile de faire venir un public qui n’est pas habitué à la musique électronique et Métal underground, d’autant que les médias classiques n’en diffusent pour ainsi dire jamais (on se demande pourquoi d’ailleurs…) mais nous espérons que le prix bas des billets classiques (sachant qu’il y a aussi des billets VIP avec de nombreux cadeaux et privilèges) fera venir un large public à notre festival.

Bien sûr nous n’entendons forcer personne mais nous pouvons dire qu’une telle affiche ne se reproduira sans doute pas de sitôt dans la région et encore moins dans les Combrailles, et encore moins à un prix d’entrée aussi bas, donc je pense qu’il faut en profiter.

N’ayant pas de gros moyens, je ne suis pas souvent allé à des festivals mais je peux en citer 2 (tout à fait différents), un qui m’a relativement déçu « Rock au Château » (à Villersexel dans le Doubs) où je me suis rendu l’an dernier pour accompagner un ami qui est un grand fan de Marillion, mais personnellement la seule chose qui m’a intéressé c’est… le château ! Par contre j’ai adoré le festival WGT de Leipzig où j’ai pu admirer en 2017 des groupes mythiques comme Funker Vogt, She Past Away, Suicide Commando, Peter Hepner, VNV Nation, Umbra et Imago, The vision Bleak etc… Mais là on passe à une autre dimension bien entendu, l’Allemagne et ses infrastructures.

Nous avons décidé dans l’association de préparer pour l’an prochain, à peu près à la même date, une 2ème édition du Phoenix Music Fest mais pas du tout dans le même cadre (pas dans une salle des fêtes dont les normes de sécurité nous ont semblé approximatives et peu sérieuses), dans un lieu privé (car nous voulons simplement demander les autorisations aux élus mais certainement pas de nouveau organiser un événement avec eux) et un lieu prestigieux de préférence (nous en gardons pour l’instant le secret). De plus notre prochain festival se déroulera très certainement sur un weekend complet avec camping possible sur le lieu des concerts.

Nous tenons à remercier particulièrement les sponsors locaux (commerçants et artisans) qui ont plutôt joué le jeu pour aider au financement de certains frais. Je ne les cite pas mais ils se reconnaîtront.

Merci à toi Kevin et à toute l’équipe de VoltBass pour cette très intéressante interview.

Effectivement mais je peux déjà dire qu’il vaut mieux annoncer l’annulation d’un événement, quel qu’il soit, à un mois de son commencement plutôt qu’à un jour. Je veux dire aussi qu’on n’a pas décidé ça de gaieté de cœur, bien au contraire car, et beaucoup de monde a du s’en rendre compte, il y a eu une très grosse communication (ce qui représente beaucoup de travail) au niveau du site web bilingue constamment mis à jour, de la page événement facebook qui vivait, des flyers que j’ai réalisés, de l’affiche qui devait être dupliquée en nombre, des banderoles qui auraient du être placées sur le lieu, etc…

De plus nous avions déjà assemblé une belle équipe technique avec la Com Com de Pontaumur (pour le podium, les stands, les tentes de réception…), Eldora Productions de l’Allier (pour le matériel sono, vidéo, lumière ainsi que les techniciens), une équipe de sécurité professionnelle de Clermont, un brasseur local (Brasserie de la Creuse), en particulier.

Tout ça pour dire que si nous avons décidé le 18 avril de l’annulation du festival (pour l’année 2019 je tiens à le préciser) ça a vraiment été à cause de motifs péremptoires qui tiennent à un manque d’information et de sérieux de la part d’une salle qui était sensée connaître les dossiers principaux (étant donné que cette salle avait déjà accueilli des événements musicaux), d’autre part au fait que nous étions une petite équipe et que la personne la plus proche habitait à 200 km (ce qui n’arrangeait pas vraiment les choses et nécessitait un surcroît de travail). Je rajoute le fait que la salle (classée ERP) nous a constamment imposé des normes nouvelles de sécurité qu’il nous a été au bout du compte impossible à gérer (notamment sécurité incendie alors qu’il est évident que c’était à la salle d’être elle-même aux normes). Je passe sur le reste mais c’est vrai qu’au niveau administratif et normatif ça a été un enfer.

Nous sommes également très déçus de l’attitude hypocrite des banques (inciter à domicilier le compte de l’association dans son agence en appâtant avec une probable subvention pour ensuite, au bout de 2 mois dire non, sans en donner même le moindre motif, n’est pas très cool).

Nous avons donc très vite pensé à une solution de secours, radicalement différente car lieu privé en plein air (nous aurions eu une scène couverte), ce que je vais un peu détailler en question suivante.

Cette question tombe parfaitement bien puisque justement, comme je le mentionne dans la réponse à la question précédente, nous avons proposé immédiatement à un lieu touristique (avec qui nous avions eu quelques relations) proche de Giat d’accueillir le festival sur son terrain et il a accepté de discuter avec nous mais nous nous sommes rendus compte au cours de la discussion que ses conditions, même un peu différentes de celles de la salle de Giat, étaient pour la plupart beaucoup trop contraignantes, tant au niveau sécurité qu’assurance (notre festival était pourtant couvert par l’une des meilleures assurances) qu’au niveau financier car il exigeait comme dépôt de garantie un chèque de banque d’un montant beaucoup trop élevé pour notre budget actuel, étant donné que nous avions encore d’autres frais urgents.

Je ne mentionne pas le nom de ce lieu touristique car son propriétaire avait peur que la mention du nom de son domaine associé avec le style musical du festival entache la réputation de son centre touristique ! Il ne voulait même pas que le nom du lieu apparaisse sur l’affiche officielle ! C’est dire !! Cette phrase a été pour nous la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de notre tolérance car elle nous est apparue comme une insulte vis à vis du milieu artistique et musical que nous défendons.

C’est dommage car le lieu était beau, sauvage et aurait plu sans aucun doute aux groupes et au public.

A la suite de ça nous avons décidé, en réunion extraordinaire du bureau, de stopper l’événement car il aurait été bien entendu trop tard pour trouver en catastrophe un autre lieu et il a été beaucoup plus sage d’éviter de nouveaux gros frais qui auraient été inutiles puisque nous avions décidé d’annuler l’événement. A ce sujet je veux dire que nous sommes en tout cas très fiers d’avoir fait une bonne gestion, d’avoir immédiatement payé les frais que nous devions payer et remboursé les sommes que nous devions. Notre association ne s’est pas endettée et nous n’avons endetté personne, c’était l’essentiel et c’est pourquoi nous n’avons pas eu de reproches après l’annulation malheureuse de notre festival.

Il est très difficile dans notre pays d’organiser un événement festif, surtout quand il s’agit d’une création et c’est fort dommage. Je pense que ce qui régit notre société c’est la peur et je pense aussi que ceux qui ont peur sont ceux qui ont le plus de moyens (financiers en particulier et relationnels avec d’autres personnes qui ont peur) et qu’avec leurs moyens il font pression quitte à empêcher ceux qui n’ont pas peur mais n’ont pas les moyens de concrétiser leurs projets, même si ce sont de beaux projets. Tant que c’est la peur qui dominera la société il sera difficile de s’amuser et donner du plaisir. C’est malheureusement ce que je pense profondément.

Non je ne pense pas, même si nous nous y prendrons encore plus tôt la prochaine fois. Par contre notre organisation sera tout à fait différente avec une équipe plus importante et surtout des personnes sur place pour se charger des tâches administratives et des demandes d’autorisation, rechercher encore plus de sponsors locaux, des bénévoles etc… et nous prendrons une bonne banque cette fois.

C’est notre intention en tout cas et c’est pourquoi nous allons nous réunir prochainement au sein de notre association pour décider si nous le refaisons. Moi j’ai déjà voté oui !

Nous apporterons en ce cas une attention particulière à la recherche du lieu, aux aspects administration et demandes d’autorisation. Il est possible que nous choisissions toujours les Combrailles, nous n’avons encore rien décidé, mais en tout cas il y aura toujours une affiche de qualité (il y aura certains groupes de l’ancienne affiche, d’autres seront nouveaux) et nous pensons plutôt à un « vrai » festival en 2 jours avec moins de groupes par journée (4 ou 5 nous ne savons pas encore), une after party en clôture avec danses inducxtrielles, dans un très joli cadre, avec camping sur le lieu des concerts, buvette, food trucks, stands divers. Tout pour passer un très agréable weekend.

De toute façon nous ne commencerons la communication et la propagande que lorsque nous aurons un budget suffisamment important pour couvrir les frais urgents et principaux. C’est pourquoi nous organiserons cette fois un crowdfunding.