En s’engageant tête baissée dans les contre-allées du Massif Central, Brama a choisi l’exigence impitoyable du trio pour exprimer pleinement la transe d’un rock psychédélique farouche et authentique, celui qui rince la tête et fait décoller très loin, une claque vertigineuse qui remet immédiatement les idées en place. Guitare et batterie en état d’hypnose, vielle à roue transfigurée passée à la pédale, bourdon taraudeur et chants en occitan lumineux, Brama fait valser les clichés, en allant puiser au plus profond de la tradition populaire de quoi modeler le plus contemporain des discours. Expérimental et libre comme l’air, le jeune trio s’empare à bras le corps d’un folklore solaire et rayonnant, où l’on danse avec force sueur et moult rage, pour redessiner les traits d’une poésie orageuse, un DIY pétaradant et polyphonique aux accents noise et au doux parfum de drone.
Mais si la chose musicale est fascinante, câble tendu à l’extrême entre le corps ancestral d’une vielle toute-puissante et un guitare/batterie furibond, c’est le chant, arraché de ce maelström sonore, qui finit d’élever cette construction inédite à des hauteurs rarement entrevues ici-bas. De concert, le groupe tout entier ondule, vire de bord et se plie aux exigences d’une matière sans cesse en mouvement, loin des codes du binaire et du tout-venant.