Bearoid + Kiol + John Grvy + le roi Angus + Them Moose Rush // Factory

Il était sans doute écrit que le dénommé Dani Belenguer finirait par poser ses valises – un ordi, des platines, des mélodies et des rythmes plein la tête – à Barcelone, située à quelque 400 kilomètres au nord de sa ville d’origine, Valence. Car, à l’ombre des monuments de Gaudi, des Ramblas et du Camp Nou, la cité catalane est devenue l’une des capitales de la scène électronique européenne – festival Sonar à l’appui. Sans complexe, le jeune homme décline sur disque comme sur scène – accompagné d’un vrai groupe – une musique hédoniste où se télescopent house, r’n’b ou electropop vintage. Barbu mais jamais barbant, entre The Beloved et Timberlake, Bearoid invite tout le monde à danser, un sourire aux lèvres.

Aussitôt né – le 6 janvier 2014, pour être précis –, et presque aussitôt adoubé. Sur les bords du lac de Genève et sur le trône d’une pop aux effets psychés, un peu perchée et écartelée entre années 60 et 80, Le Roi Angus chante en français “la fuite, la disparition, la mélancolie, le désespoir, l’illusion finalement d’une jeunesse échue si vite”. Un joli programme que met en mots (bleus) l’ainé Martin Casimir Admonk, flanqué de quatre jeunots que l’on jurerait fraichement débarqués de la Côte Ouest circa 1967. Ce que viennent confirmer un premier album haut en couleurs (et en senteurs), le bien nommé “Îles Essentiel”, et des concerts à vivre comme un rêve éveillé, le temps d’un « Sommeil Trompeur”.

Tel un OVNI, il est apparu sur le devant de la scène musicale ibérique il y a trois ans et quelques. Né au Nigéria, grandi dans un petit village espagnol – seul garçon de couleur de l’école – avant de s’installer à Madrid, J. E. Edward, alias John GRVY, allie élégance et cool absolu, dans la rue comme en studio et sur scène, où, accompagné par deux « bidouilleurs » plutôt très doués, il façonne un r’n’b facétieux et séduisant, une néo-soul parcourue de frissons electropop. Revendiquant des filiations plus ou moins attendues – ici, James Blake, là, Animal Colletcive –, comparé à des sommités comme Frank Ocean ou The Weeknd, John GRVY ressemble aujourd’hui à la parfaite incarnation de l’anglicisme « groovy ».

C’est dans la champêtre ville de Bjelovar que Branimir Kuruc, Nikola Runjavec et Vedran Marinko Komlen ont formé Them Moose Rush. Un décor qui n’annonce pas vraiment leurs penchants pour les exactions soniques. Car, sans honte aucune, le trio en pince sévère pour le rock progressif, mais pas que… Car des accents garage et fusion, des intonations hard et metal se frayent également un passage dans ses compositions hypnotiques et labyrinthiques, toujours enregistrées live – un album et deux EP à ce jour. Pas étonnant, alors, que ces trois lascars, aussi facétieux que techniques, aient fait de la scène leur terrain de jeu de prédilection.