Colombey
2020 restera comme une année formidable pour tous les fervents adeptes du « à quoi bon ». Mais ce ne sera pas cette nouvelle livraison de Colombey qui y contribuera : sa petite décennie d’activisme a donné à ses disques un aspect précieux, fétiche, à l’auditoire ultra fervent : nul autre ne sait mieux raconter la vacuité des vies et les émotions brûlées vives. La sortie d’un nouveau long format devrait donc venir ragaillardir le cœur de ces solides adeptes.
Et c’est là le paradoxe Colombey : c’est en mettant des mots et des textures sur la dépression générale et le vide qui habite toute une génération que Thibaut Gondard développe une émotion si puissante, à laquelle se réfèrent toute une population qui ne connait plus que l’aube. Ces morceaux, s’ils sont géolocalisés dans son infernale zone Est, donnent plus que jamais du corps à des vies qui en manquent.
Mais loin de céder à une formule qui satisferait mollement tout le monde, le garçon expérimente à tout va sur « au siècle dernier », cherchant de nouvelles manières de chanter les zones rurales, ajoutant un autotune pertinent à l’ennui des villes, en faisant plus que jamais grandir son propos d’une richesse musicale nouvelle. De quoi nourrir d’une puissance nouvelle les paysages saisissants, intemporels, universels, de Colombey.
