Tarif
Réduit : 20€
Plein : 22€
Lieu
Programmation
GiedRé est un OCNI. Comprenez « Objet Chantant Non Identifié ». Affectant des tenues au kitsch intelligemment stylisé et au savant mauvais gout, cette lituanienne arrivée en France à l’âge de sept ans plante un hachoir de fraicheur dans notre paysage musical. Quand la chanson hexagonale se complait dans la tranche de vie blafarde, GiedRé aborde les vrais sujets (la mort, la souffrance, la solitude, la maladie, l’abandon, le deuil…) avec une délicatesse rigolarde, une potacherie de dentellière et un refus de tout compromis.
Mais ne vous y trompez pas : ici, rien de vulgaire, rien de complaisant. Dans ses textes, GiedRé appelle un chat un chat et ne nous épargne rien… surtout le pire ! Chaque antienne est comme une petite nouvelle, une comptine, quelque fable incisive, que la chanteuse nous glisse depuis son œil de biche chirurgicale, jouant de sa vraie-fausse candeur avec une soufflante virtuosité.
A mille lieues de la chanson bêtement engagée (qu’elle brocarde à loisir et raison), GiedRé ne s’embarrasse pas de concepts ; elle ne s’intéresse pas aux idées mais aux gens, aux êtres, dans toute leur désolante banalité/complexité.
En 2016, GiedRé est le fruit d’une époque qui a digéré Brassens et Houellebecq.
Dira-t-on que Lalala, son dernier album est celui de la maturité ? Cette formule consacrée ne signifie pas grand-chose, surtout si on l’applique à cette douce asperge balte aux allures de schtroumpfette, qui vient de fêter ses trente ans. Disons que Comme tout le monde, Pas des hommes ou Quand on est mort sont des chansons moins guillerettes, plus sombres. Désormais le rire s’étrangle car il dévoile sa lucidité. Tout rigolarde qu’elle soit, GiedRé pointe la souffrance des petits, des sans-grades. Mais sans jamais verser dans l’indignation consensuelle. Au sens premier du terme : GiedRé compatit. Et cette compassion abrasive ne se drape d’aucun tabou, sinon la générosité.
Nul risque, donc, que GiedRé soit rattrapée par le maelstrom de la variété. Ses disques sont autoproduits, elle en a le final-cut, tout comme ses clips ou ses livrets d’albums, qu’elle mitonne avec une précision d’artificier. Les concessions? Connaît pas.
Après un an d’absence, GiedRé va reprendre le chemin des routes de France, pour ce qu’elle appelle ses « tournantes ».
Aux abris : voici l’OCNI !