Les Wampas
Qu’elle semble loin, l’année 1983, où Didier Wampas et ses potes formèrent les Wampas, groupe à peine remis de la déferlante punk qui avait surgi quelques années plus tôt. C’étaient les années Mitterrand, les années de la FM, et les Wampas allaient s’installer dans le paysage du rock français pour (presque) l’éternité.
En 2022, et une kyrielle d’albums plus tard, Les Wampas, incarnés par l’infatigable trublion de la scène punk rock hexagonale, ce dandy débraillé au verbe tantôt hilarant tantôt attachant, revient en grande pompe avec Tempête, tempête, le bien nommé successeur de Sauvre le monde. Pas de faute volontaire de frappe sur ce quatorzième album. Ni de faute de goût d’ailleurs. Ce nouveau coup de grisou est réalisé par Lionel Limiñana (The Limiñanas) et enregistré et mixé par l’indispensable Nicolas Quéré (The Arctic Monkeys, Delgres, Timber Timbre, Charlie Winston…). Dès l’ouverture, « L’avocat » annonce la couleur : ce sera abrasif, subversif, compulsif, et pas mal d’autres choses en -if… mais pas que. « L’amour c’est comme le tour d’Italie » privilégie la douceur. Le titre détonne, étonne et émeut, avec ce mid tempo et ce gimmick entêtant, emmené par la voix d’un Didier Wampas habité. Comme souvent, il joue avec les mots, use de métaphores qui font mouche, qui touchent là où il faut. Idem sur le lancinant et troublant « Frontignan Blues », qui de par ses aspects graciles et ses harmonies subtiles montrent que les Wampas savent calmer le jeu. L’humour et les velléités de décalage, la propension à l’autodérision n’ont pas non plus quitté le corps et l’esprit de Didier Wampas, qui sur « Les vieux à guitare » ironise sur les goûts de la jeune génération des jeunes d’aujourd’hui, face aux « vieux à guitare » qu’ils sont devenus. On aimerait bien devenir vieux comme eux.