Morgane Imbeaud
On avait quitté Morgane Imbeaud en mode guerrière, une Amazone (titre de son précédent album solo) sur le sentier de l’émancipation, celle d’une femme, d’une artiste, d’une solitaire habituée au collectif. Chez Morgane, tout est affaire de résonance : après les nudités norvégiennes, parcourues dans Amazone, place aux plongées dans les profondeurs, quelles qu’elles soient. Phobique de l’eau, c’est pourtant sur les berges du lac de Servières, au cœur du Massif central, que Morgane a cherché l’inspiration… et à éteindre quelques incendies. En 2021, l’artiste est victime d’un burn-out. « J’ai eu peur de mourir, littéralement. Pour ce projet qui me ramenait peu à peu à la vie, il m’a fallu tout lâcher, tout oser, ne faire aucun compromis. The Lake est à la fois une rédemption et une libération. »
Dans ce disque-miroir, composé à quatre mains avec Robin Foster, l’ex-fée de Cocoon a quitté le cocon folk ; elle est sortie de sa zone de confort pour composer une fresque intime, en clair-obscur, dans laquelle elle se confie sans filtres et s’affirme sans faux semblants. Voilà une artiste à contre-courant des courses folles et des fièvres actuelles. En baissant la cadence, Morgane monte le son et cisèle son propos. Le cœur cogne et s’emballe en slow tempos vertigineux, comme si le temps était distordu. Il y a là des déchirures de guitares électriques, saignées de réverbe, des halos de synthés hypnotiques, des beats en écho, une voix au premier plan, plein fer, tout en velours, pour des songs, des songes, pop-rock électro. « Avec Robin, nous nous sommes immergés dans une esthétique post-rock, exactement ce qu’il fait en solo et également à l’image celle d’Archive, un groupe j’adore.»