Satan + Sordide + Draugr + Man-U-War

Le 21 avril 2017 à 20h30 Autres concerts à la même date

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Satan

Hardcore, Punk

Ouais, fallait vraiment oser appeler son groupe Satan (surement que cela a déjà été fait plein de fois, en bon flemmard je n’ai pas eu envie de vérifier) à une époque où plus rien signifie grand-chose tellement les noms, symboles et autres supposées « étiquettes » semblent correspondre à des poncifs éculés et, fatalement, suscitent moult commentaires acerbes, volées de bois verts et critiques spontanées sur la base uniquement de ce que l’on croit savoir et que tout le monde devrait évidemment penser. Satan, moi j’ai toujours trouvé que ça fait un chouette nom de chien. Ou de chat. Et ça fait également un chouette nom de groupe, assurément.

Satan, donc, est un groupe de Grenoble et n’en est pas à son premier méfait, une grosse poignée de splits et autres CDr depuis 2009, mais L’Odeur Du Sang ! est le premier véritable album de ces jeunes gens. Un bien beau disque avec son artwork signé Pakito Bolino (l’unique) et qui, nous prévient-on, doit être écouté en 45rpm et surtout le plus fort possible. Une recommandation totalement inutile. L’Odeur Du Sang ! incite directement au sur-gavage sonore et à la débauche de bruit avec sa musique qui est ni du black ni du hardcore ni du d-beat ni du crust mais un peu de tout ça à la fois. Le groupe appelle ça du « possessed punk » et cet auto-étiquetage me parait pour une fois plus que judicieux et on ne peut plus pertinent. Parce que Satan se donne surtout les moyens de ses ambitions : L’Odeur Du Sang ! c’est du vitriol bien corrosif et de la noirceur bien dense à tous les étages mais sans la complaisance dégueulasse des groupes de metal, sans la collection complète de colifichets qui finit par gaver jusqu’à l’écœurement et te faire penser que tout ça c’est juste un petit jeu de dupes, que c’est pour de faux et pour l’apparence, et qu’il y a des beaux t-shirts à vingt cinq boules pièce et des strings à clous pour ta meuf à vendre au stand de merch.

Punk, Satan l’est totalement et définitivement, dans cette façon de jouer avec une franche facilité et une fougue ahurissante des trucs certes (très) rapides mais aussi parfois assez tordus – tout en restant à l’exact opposé d’un groupe de mathématiciens/ ingénieurs en physique quantique comme les très rigides Krallice (par exemple). Mais que c’est bon d’entendre de tels riffs, des riffs d’une évidence incroyable, que c’est bon de se prendre dans la gueule ces rythmiques aussi directes que puissantes et que c’est bon d’entendre ces beuglements – en français, je te rassure tout de suite les paroles sont disponibles avec l’insert du disque – et ces hurlements qui semblent à chaque fois provenir de vraiment très loin. De très loin… c’est peut-être bien la meilleure image qui me vient à l’esprit (et du fond du cœur) à l’écoute de L’Odeur Du Sang ! : Satan est un groupe complètement cathartique et violemment passionné. Une preuve supplémentaire que le metal – au sens large – peut encore et toujours être autre chose qu’une fête foraine pour consommateurs de sabbats du samedi soir. De la fièvre, mais de la vraie. Chronique Perte et Fracas -l’odeur du sang

Sordide

Black metal

[La présente chronique a été conçue et rédigée en même temps que celle du second album « Fuit La Lumière ». Vous pouvez commencer par lire indistinctement l’une ou l’autre.] « La France A Peur », est le nom du premier album de SORDIDE, un orchestre Français qui officie dans un Metal Noir de première qualité. L’album est sorti de nulle part, signé chez Avantgarde sans avoir publié la moindre démo. Le label a eu le nez fin car ce disque est une claque. Difficile aujourd’hui de se faire une place sur une scène surchargée et blasée. Intelligemment les mecs ont focalisé leur énergie sur ce qui compte vraiment: le son et l’écriture. Pas de décorum ni d’imagerie, seule la musique importe ici et celle-ci est délivrée avec précision et énergie, une précision de musiciens professionnels et une énergie explosive digne du Punk. Pas de chanteur qui attire l’attention mais des vocaux gueulés du fond de l’âme par le guitariste et le batteur, chacun assurant en même temps comme des bêtes sur leurs instruments. Les deux voix s’alternent, toutes deux criées à plein poumon avec la rage du désespoir, tout en gardant un timbre humain. On cherche a quoi nous fait penser cette musique… cette disto vibrante d’ampli à lampe, ces trémolos incisifs, ces dissonances maladives, et ces blasts organiques… DARVULIA, le voilà nommé ce premier parrain prestigieux. Les diaboliques Blackeux français sont pour moi une référence de choix mais ça ne suffit pas pour tenter de décrire le son et le style de SORDIDE. Alors on réécoute encore et encore, ce premier album mais aussi et surtout le second à peine sorti. « La France A Peur », on tourne autour du pot mais c’est ce titre éponyme qui nous donne la réponse. Entre lourdeur Doom et blast fulgurants, le titre se déploie dans climat Rock sourd dont s’échappent des cris guitaristes étranges qui nous feront penser au jeu caractéristique d’un certain Serge Teyssot-Gay, maître d’œuvre d’un groupe d’écorchés vif… NOIR DÉSIR! Et voici notre seconde référence prestigieuse. Un NOIR DÉSIR dans sa version la plus saturée, période « Tostaky » évidemment, et qu’on aurait en plus passé à l’acide avant de l’enduire d’une couche de noir visqueux. Même « Violence », titre impressionnant qui conclut l’album, nous ferait penser à un mélange entre « Marlène », noire ballade déglinguée, et « Lolita Nie En Bloc », qui nous berce ou nous frappe de toutes ces forces. « La France A Peur » de n’avoir que des groupes de Black esoterico-complexes ou anarcho-réactionnaires. Mais voilà qu’arrive SORDIDE, combo remonté à bloc et débarrassé de tout superflu, balançant son son sans détour, le tout avec des textes en français, qui bien que fort sombres et peu gais, évacuent toute ambiguïté dès le premier titre. « Nous sommes les oubliés/Qui chient sur les patries », c’est ainsi que commence l’album et « Sans Nom, Ni Drapeau » dont je vous invite à lire les paroles (pour ne pas avoir à toutes les citer ici). « Brandissez vos aïeuls/Comme autant de trophées/Le passé victorieux/Foutez-vous sur la gueule/Histoire de vérifier/Celui qu’est l’plus glorieux ». Plus qu’une prise de distance c’est un énorme fuck à ces formations Black bien de chez nous et terrifiés de n’être plus chez eux, nommément PESTE NOIRE et ses ouailles (BAISE MA HACHE & co.)

Les textes de SORDIDE sont donc plutôt réussis, dans un registre réaliste et rageur, écrits à la première personne, mettant en scène des personnages borderline (« Blâme », « Violence ») ou déployant un ton accusateur à la deuxième personne (« Ni Nom, Ni Drapeau », « Gloire »). On pense à une parenté avec l’irrévérence des premiers RENAUD, l’humour en moins et si le côté gavroche-loubard avait été Punk. On peut penser que j’abuse en évoquant Mr Séchan mais je rappellerai que SORDIDE a sorti une reprise en forme de single de « Crève Salope » le mini-bonus anar de RENAUD dans une version tout aussi courte mais totalement possédée. Dans tous les cas on sent une envie de bousculer la société, de lui cracher à la face, ou plus sympathiquement de « dégueuler » comme cela revient dans deux chansons: « Et je dégueule/oui je dégueule/sur tes godasses trop bien cirées » (« Blâme ») puis « Et je dégueule à vos pieds toute ma violence… » (« Violence »). « La France A Peur », c’est vrai. Terrorisée elle se recroqueville. Une peur, on le voit bien, qui nous conduira tout droit dans les bras d’un Front dont la flamme réchauffe bien trop d’artistes de musique extrême, eux-même terrorisés comme des enfants dans un monde complexe. « La France A Peur », revenons au disque, souffre en vérité que d’avoir un successeur encore plus réussi, en particulier au niveau du son. Ce premier disque m’est tout à fait plaisant avec sa prod brute et organique qui va très bien avec les passages lents et lourds mais qui sature un peu trop quand la musique se déchaîne. Les moments de blast voient ainsi les instruments se bouffer entre eux, au contraire de « Fuir La Lumière » qui nous éblouira par la suite avec sa production naturelle parfaitement équilibrée. Je ne peux donc que vous recommander de vous jeter sur les deux opus de SORDIDE, qui se dégustent tous deux avec bonheur (comme une bonne paire de Twix). https://www.youtube.com/watch?v=B_tFGBXR_hs

Man-U-War

Toi aussi tu pourra hurler dans le micro avec la présence du super karaoké nucléaire Man-U-War, le seul musicien qui reprend en musique et beuglante le générateur de lyrics manowar end direct branché sur vidéoprojecteur.

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