Initialement formé en Seine St Denis sur les cendres d’un groupe punk de la scène underground parisienne, Sex Drugs & Rebetiko commence dès 2008 à faire entendre sa petite musique dans les endroits les plus improbables de la capitale, des squats jusqu’aux catacombes. Ils se voient proposer l’enregistrement d’un Split 33T avec les Louise Mitchels qui sort fin 2008. S’en suit un voyage à Athènes. Au gré des rencontres, le groupe s’étoffe considérablement et collabore avec des musiciens Crétois installés à Paris, ainsi qu’avec d’autres formations de rebetiko en France. Avec l’arrivée décisive de nouveaux musiciens, les possibilités instrumentales et les sources d’influences sont démultipliées, et la formation développe une façon très personnelle d’interpréter ces morceaux. Devant l’intérêt du public, Sex Drugs & Rebetiko multiplie les concerts en France et en Suisse (une centaine en trois ans), sur des scènes de toutes sortes. Fin 2010, ils s’ installent dans la région toulousaine, dans une formation à cinq, plus intimiste.
Sex drugs & rebetiko propose une interprétation libre de chansons populaires chantées en grec. Les musiciens du groupe ont, grâce à cette musique, pu donner une forme socialement et culturellement acceptable à leur goût immodéré pour les musiques tristes et lentes.
Le rebetiko a une histoire. Celle des musiciens du Pirée et des faubourgs d’Athènes, mais aussi celle des réfugiés d’Asie mineure, d’Istanbul/Constantinople et d’Izmir/Smyrne, intellectuelles et cosmopolites, qui après les transferts de populations décidés par les grandes puissances européennes entre la Grèce et la Turquie, en 1923, sont venus grossir les rangs de ceux qui nulle part ne sont chez eux. C’est aussi l’histoire compliquée d’une musique subversive, censurée, persécutée qui est devenue de gré ou de force le cœur de l’âme grecque. Le rebetiko a une mythologie. Celle des bas-fonds, celle des fumeries de haschisch, celle d’hommes et de femmes durs et de leur façon de vivre, celle des prisons et des instruments que l’on y construisait avec des bouts de ficelle. De ces chansons populaires émergent la figure mythique du mangkas, affublé de son couteau, de son komboloï et de son bouzouki, et une danse, le zeïbekiko, qui doit autant au pas du guerrier ottoman, qu’à la danse giratoire du derviche et à l’ivresse des drogues. Les membres du groupe se sont identifiés aux histoires traversées par ces chansons et les interprètent avec leurs propres armes ; et souhaitent partager ce répertoire – peu connu en dehors des cercles grecs – avec ceux qui se retrouvent pour des raisons diverses dans sa réalité, ou dans son mythe. Après s’être centrés sur le répertoire enregistré entre 1922 et 1936, qui voit d’abord la prééminence des instrumentations turques (santouri, oud, kanun, violon), puis l’émergence du style piréote (bouzouki, baglamas, guitare), Sex drugs & rebetiko se tourne également depuis quelque temps vers d’autres répertoires populaires hellénophones (mer Noire, Épire, Crète…).
Sex Drugs & Rebetiko