Artiste d’origine aurillacoise élevé au rock américain,Adam Wood jouait son dernier concert de l’année au RaymondBar à Clermont-Ferrand le 10 novembre. Actuellement en préparation d’un nouvel album, il nous parle de sa musique, de son groupe et de son label, Freemount Records.
Adam Wood
Publié le 24 novembre 2016
Peux-tu présenter Adam Wood ?
Cela date de fin 2010 je crois, j’avais un premier groupe sur Aurillac qui s’appelait Elegant Garage Gunners, qui était plutôt rock 70’s. On a fait ça pendant trois ans et on a arrêté en 2009. Et moi j’avais toujours fait de la musique tout seul à la guitare folk, mais sans ambition derrière, du coup comme je n’avais plus que ça, sans trop y penser j’ai commencé à écrire des chansons. Et un jour à Aurillac, il y avait les micros libres où tout le monde vient avec sa guitare et tout le monde peut jouer, donc j’ai joué des chansons, cela a plu : Adam Wood a commencé comme ça. Au début j’étais vraiment tout seul, j’ai enregistré un premier album, ça a mis deux ans parce que j’étais seul en studio pour faire tous les instruments, donc je découvrais et je tâtonnais. Au final j’ai enregistré 14 chansons, j’en ai gardé 6 pour faire mon premier EP qui est sorti en 2011, « A Forest Behind the Tree ». De là j’ai commencé à faire beaucoup de concerts tout seul, en version folk harmonica ou piano/voix. J’ai beaucoup tourné pendant deux ans. C’est facile de tourner seul parce tu as juste ta guitare et ton sac à dos donc tu peux monter dans n’importe quel train, mais on est vraiment tout le temps seul. Ça a commencé à me travailler, je connaissais Jamie et Yann des Elderberries, on a travaillé ensemble sur un autre projet, on a bien accroché et on s’est dit qu’on allait faire quelque chose d’autre. C’est ce moment où je me suis dit que j’allais recruter un groupe pour Adam Wood : donc il y a Yann Clavaizolle à la batterie, Jamie Pope à la basse, Benjamin Tessier au clavier, qui est le chanteur des Kissinmas aussi et qui joue dans pas mal d’autres groupes. C’est là qu’est née la formule groupe avec laquelle je joue aujourd’hui. Cela fait deux ans qu’on tourne ensemble. Et le papa de Yann, Denis Clavaizolle qui est un producteur bien connu, a un studio à Cournon. Il m’a proposé de venir bosser chez lui. C’est là qu’est né « Hang On », mon premier vrai album, sorti en 2014. Et là on prépare un nouvel album.
Tu composes toujours tout seul ?
Je compose et j’écris tout seul oui, mais j’arrive avec des maquettes, je les aiguille et chacun étant meilleur que moi avec son instrument respectif, ils amènent quelque chose. Adam Wood cela part vraiment de moi qui fais ma musique tout seul dans ma chambre et puis je l’amène aux autres. Mais pour le prochain album, ils se sont beaucoup plus investis dans la composition dans leurs parties, ça reste mes morceaux même si ils se les sont beaucoup plus appropriés que quand nous avons travaillé sur le premier. J’avais besoin aussi, d’aides extérieures et d’avis extérieurs, d’avoir du répondant. Et c’est ce qui se passe pour l’instant donc je suis vraiment content de ça.
Est-ce que tu as une formation musicale ou tu es autodidacte ?
Non j’ai été au conservatoire à Aurillac en batterie/percussions de 6 à 12 ans, mais c’est une méthode qui ne me convenait pas vraiment. Du coup j’ai continué la batterie deux ans avec un prof particulier qui m’a vraiment redonné goût à l’instrument. A 14-15 ans j’ai arrêté, mon père avait une guitare qui traînait à la maison et j’ai commencé à apprendre la guitare. Et là j’ai tout appris seul en autodidacte. Après je me suis mis à la basse et au clavier, histoire d’être autonome, mais c’est pareil j’ai tout appris seul. Je pense qu’avoir fait 6 ans de conservatoire, au niveau du rythme et pour plein de choses ça apporte beaucoup, et du coup j’ai pu apprendre plus vite et tout seul. Je marche beaucoup au feeling, à l’oreille. C’est un truc dans lequel j’aime bien rester pour l’instant, j’aime bien la naïveté que j’ai sur mon approche de l’instrument… Des fois j’arrête de jouer pendant un mois et après je tâtonne, c’est un truc que j’aime bien faire. Je pense que ça a ses limites aussi et qu’à un moment je me ré-intéresserai à la théorie, mais pour l’instant j’ai trouvé mon équilibre et j’aime bien fonctionner comme ça, comme un gamin qui vient d’avoir un nouveau jouet et découvre comment il marche…
Tu as créé ton label aussi…
Oui avec un associé, Mickaël Chassaing, ça fait environ trois ans. On l’a créé à la base pour Adam Wood, c’était l’objectif principal, histoire d’avoir une structure derrière le projet et de pouvoir se positionner sur des demandes de subventions, sur des aides à la création etc. Et au final on s’est pris au jeu. L’album d’Adam Wood a pas trop mal marché, j’ai rencontré d’autres groupes qui m’intéressaient. J’ai toujours eu envie de me lancer un peu dans la production puisque j’ai des bases un peu sur tout sans être très fort dans rien… De fil en aiguille on a commencé à produire d’autres groupes. Il y a eu The Machinists qui est un autre de mes projets, Jólakottür qui était un groupe clermontois qu’on a aidé sur leur premier EP qui était génial, The Marshals en actu dont on sort le nouvel album. C’est une activité que j’aime bien mais malheureusement le nerf de la guerre c’est l’argent. On ne peut pas faire ce qu’on veut, on adorerait pouvoir sortir plus de choses. Mais je pense qu’il faut se concentrer pour l’instant sur ce qu’on a. On bosse avec deux nouveaux groupes clermontois aussi : Woody MurderMystery et Echo Anemone.
Mais tu fais partie d’Echo Anemone maintenant ?
Oui je suis guitariste dans Echo Anemone. J’aime beaucoup leur univers, et puis ça fait du bien d’avoir un projet où je ne suis pas du tout devant : leader et compositeur. C’est un groupe tout jeune, c’est vraiment un diamant brut avec lequel on peut faire beaucoup de choses. On est en train de préparer un 2 titres à sortir par le label. J’ai aussi un nouveau projet qui s’appelle Blessings, où je travaille avec la chanteuse et le batteur d’Aquafunk ainsi que d’autres musiciens. On doit enregistrer un EP 5 titres en début 2017, où je reviens à un truc très roots, très americana, assez épuré, avec un côté soul. C’est vrai qu’Adam Wood ça n’a jamais été quelques chose d’arrêté. Quand j’ai commencé je faisais de la folk, mais je faisais des albums tout seul, c’était produit avec d’autres instruments… « Hang On » c’est un truc assez pop, rentre-dedans, un peu énervé, le prochain va être complètement spatial… J’ai pas envie de faire plusieurs fois la même chose et j’écoute plein de choses différentes, je finirai par faire du hip hop certainement ! C’est pour ça que j’ai besoin d’avoir plusieurs projets pour y voir plus clair et séparer, parce que je compose beaucoup et que j’ai beaucoup d’influences. Du coup j’y vois de plus en plus clair en collectionnant les projets, c’est un peu bizarre mais ça marche pour moi.
Et dans ta musique et ce que tu produis, l’intérêt pour l’Amérique te vient d’où ?
Je pense qu’être né à Aurillac, les paysages, ce côté petite ville un peu abandonnée… Il y a plein de choses qui me faisaient penser à « Voyage au bout de l’enfer » par exemple, ce genre de films… Et si tu prends la voiture en 10 minutes tu regardes autour de toi et tu peux être en Caroline du Sud, avec des climats très marqués… Dans ma définition de l’Amérique je retrouve un parallèle. C’est aussi parce que mon papa est super fan du rock américain de 1955 à 79, tout la période psyché, folk etc. Il avait beaucoup de vinyles, on écoutait toujours ce genre de musique, et il était fan de cinéma et des vieux classiques américains, donc j’ai grandi en regardant les westerns de Peckinpah, les films de Redford… Et ça m’a toujours parlé, et même la musique que j’écoute, dans les groupes actuels je ne suis pas très branché rock anglais… J’adore le cinéma américain, la littérature américaine, et c’est vrai que sur « Hang On » c’était une espèce de synthèse de tout ce que j’avais écouté étant petit, mais sans vouloir le parodier. J’ai eu des chroniques aux États-Unis qui disaient que c’était une façon différente de voir le rock américain, même dans les textes, j’essaye d’écrire des choses pas trop bêtes même si il faut que ça soit musical… J’aime bien cette approche du petit français du fond de sa campagne qui essaye de jouer au cowboy, ça me convient bien.
Du coup quelles sont tes principales influences en musique ou cinéma ?
Je suis super fan de Beck par exemple, dans sa discographie aucun album ne se ressemble et sur les albums il y a un fil rouge mais en attendant il a fait autant du hip hop que de la bossa nova que de la folk ou du rock, et je trouve ça incroyable. Je trouve que malheureusement les groupes maintenant font 2 chansons fortes qui marchent, et en construisent 10 sur cette base. C’est une nouvelle façon de concevoir la musique qui ne me plait pas, j’aime l’album, j’aime le concept… Je pars toujours d’une écriture très simple guitare-voix ou piano-voix, après je l’arrange, au final il y a des chansons qui prennent une direction et d’autres une direction totalement différente. Mais je n’ai pas envie de me fixer de barrières en me disant que ça ne sonne pas Adam Wood, à partir du moment où je l’ai composé et où je me sens de le chanter et de le jouer… Mais pour revenir aux influences il y en a beaucoup, le père spirituel c’est Neil Young, pour cette faculté qu’il a à écrire une ballade folk qui fait pleurer au coin du feu, mais à côté de ça il a quasiment inventé le grunge en prenant la guitare électrique. Dans les plus contemporains il y a Jack White, Dan Auerbach et les Black Keys, Kings of Leon… dans les années 2000 ça m’a un peu remis le pied à l’étrier, j’aime beaucoup la scène australienne du moment, les Pond… Mais j’allume mon pc et je découvre 5 nouveaux groupes par jour !
Est-ce que vous avez des difficultés pour organiser les concerts et les tournées ?
Oui, on n’a pas pu assez défendre « Hang On » en live, on espère pour le prochain album pouvoir faire une tournée, peut-être même aller ailleurs qu’en France. Là ça devrait s’améliorer puisque qu’on a signé avec un tourneur… Ma plus grande envie ces deux dernières années c’était de trouver un tourneur, pour le reste on se débrouille nous-mêmes, on sort nos disques, on fait notre com., nos relations presse… Mais tourneur c’est un métier à part entière, donc c’est assez compliqué, en plus j’estime qu’on est un groupe de scène, ça prend une autre dimension en tout cas sur scène. J’aime bien les projets où ce n’est pas l’album copié-collé, j’aime bien laisser une part d’aléatoire, et chaque soir c’est différent. J’espère vraiment que pour le prochain album on va avoir plus de dates et de vraies tournées.
Pour l’instant vous avez d’autres dates de prévues ?
Non là c’est notre dernier concert pour le moment, au Raymond Bar, et la dernière fois qu’on joue les chansons de « Hang On » et de mon premier EP. Après on arrête et on se concentre sur le nouveau répertoire qu’on est en train de monter. On va peut-être garder une ou deux chansons, mais sinon il y a des chansons du premier EP qui vont être jouées par Blessings. Et on est contents de jouer au Raymond, ça faisait longtemps qu’on devait y jouer, et en plus c’est la dernière fois qu’on joue ces chansons, donc on a à cœur de leur donner une sortie digne de ce nom.
Et le prochain album ?
Il devrait normalement sortir fin septembre 2017. Mais la tournée pour le défendre commencerait bien avant, à partir d’avril-mai. On essaiera peut-être de faire quelques festivals l’été.
Est-ce que tu vois des endroits en Auvergne qui te semblent intéressants au niveau de la musique, où il y aurait des choses à faire ? Clermont est très dynamique…
Oui il y a eu une super période avec Kütu Folk… tout le monde se tirait un peu vers le haut, c’est en train de revenir je pense, il y a Echo Anemone, Dragon Rapide, Matt Low, Sungraze tout nouveau groupe dont le leader est Jamie, avec Yann à la batterie, il y a Brain Zero, les groupes de Kevin Bertrand… Plein de groupes très chouettes, des gens très talentueux et ça inspire, il y a une bonne dynamique, une bonne énergie. Sinon Moulins notamment, c’est une ville bien rock’n’roll, je sais qu’il y a pas mal de groupes qui sont des bons défenseurs du garage, du blues, du rock à l’ancienne, et je trouve ça vraiment intéressant.