Bambara
L’objet est noir. Et tel est ton destin petit scarabée. Bambara, ça sonne tout mignon et naïf mais l’intérieur est sapé comme un croque-mort. Renseignement pris, le Bambara est une des langues officielles du Mali. Le langage du trio new-yorkais puise ses racines sur un autre monde, la lointaine Australie et l’Europe aussi puisque c’est de Birthday Party dont il est question comme base de travail. Après un départ d’Athens en Géorgie, les frères Bateh (Reid et Blaze, respectivement guitare/chant et batterie) et William Brookshire (basse) ont atterri à Brooklyn et sortent Swarm, leur troisième album.
Pose nocturne dans une ruelle sous une croix évangélique. Sin Will Find You Out.
Le pêché, ça serait surtout de s’arrêter au mètre-étalon que représente l’ancienne bande de Nick Cave pour définir Bambara. La langue est commune, l’attirance pour les bas-fonds, le goût pour le sombre, l’imagerie religieuse et la rédemption au bout du tunnel, Bambara connaît ses classiques. Et de bonnes lignes de basse qui délimitent le chemin caillouteux, voir quelques tics de chant rappelant Nick Cave. Mais le sens du chaos possède son propre vocabulaire. Un style plus coulé et mélodique naviguant dans les parages de Iceage à l’époque de New Brigade ou Slug Guts, cette douce atmosphère goth dopée à l’énergie. Le résultat de ce mélange, c’est une très belle collection de morceaux qui brillent la nuit. Des constructions assez simples mais avec juste ce qu’il faut de malaise et de poignant pour accrocher le chaland qui en a pourtant entendu d’autres dans le tord-boyau et le blues maltraité par la noise. Bambara rajoute une certaine élégance sous les dissonances, sans oublier quelques échappées plus expérimentales (Like Waves, In Bars ou As Her avant que le ton ne devienne martial) à dimension abstraite et cauchemar cotonneux. Avec Ben Greenberg (The Men, Zs, Uniform) à l’enregistrement, on aurait pu croire que Bambara se serait dirigé vers encore plus de bruit et de chaos. Le trio a gardé le cap de compositions rock, cadrées et brèves où l’ambiance qui s’en dégage est aussi importante que les coups portés. Et ils sont nombreux et remarquables.