DOOKOOM
Après avoir subi pendant une très (trop?) longue période les effets néfastes de la médiatisation, ressenti de la colère à l’encontre des injustices de ce monde et affronté des problèmes juridiques qui ont failli faire dévier le groupe de son objectif premier – à savoir « faire de la musique » – DOOKOOM revient avec un album plus mature et plus introspectif qui démontre, peut-être, la volonté d’offrir un rameau d’olivier à celles et ceux qui auraient pu se sentir mis à l’écart par leurs travaux précédents.
Après le chien d’attaque enragé, on présente maintenant à l’auditeur une bête moins sauvage. Les crocs sont toujours sortis mais il y a une certaine retenue dans cette dernière incarnation en date. Le climat politique a changé et à l’ère Donald Trump, DOOKOOM a l’intention de faire s’effondrer les murailles. Là où, auparavant, si vous n’aimiez pas ce que le groupe avait à dire, on vous faisait vous sentir comme un ennemi, DOOKOOM vous tend maintenant la main, bien conscient de la nécessité de rassembler les gens plutôt que de se focaliser sur leurs différences et les divisions qui en découlent.
La musique reste authentique et brute, mais plus mélodique et accessible, puisant son inspiration première dans le trap, la bass music, la lo-fi, le grime et tout ce qui se trouve à mi-chemin de tout ça. On ressent toujours cette énergie punk primale dans leurs raps et leur présence scénique, sans que celle-ci ne se transforme en agression pour les 5 sens.
C’est un album que l’on peut écouter à la maison ou dans sa voiture et pas uniquement la bande-son d’une émeute hors de contrôle.
DOOKOOM occupe une place intéressante dans le paysage musical sud-africain. Par le passé, ils proposaient une plongée terrifiante, presque trop réelle , dans les bas-fonds de la société sud-africaine. Une vision aux antipodes du monde merveilleux bien propret créé par DIE ANTWOORD (qui viennent ostensiblement du même endroit et le représentent aussi) et cela a pu les desservir. L’équilibre entre art, entertainment et réalité penchait décidément trop en faveur de cette dernière.
De nos jours, DOOKOOM péfère vous inviter à faire la fête avec eux plutôt que de vous faire flipper vos races en vous faisant fuir de chez Raymond. DOOKOOM peut toujours être la voix de la colère africaine, de ceux que l’on n’entend jamais, de ceux que l’on ne voit jamais et des moins-que-rien de Cape Town mais il y a une volonté accrue d’unir tous les gens.
« RIFFAK » c’est « kaffir » à l’envers, qui veut dire « non-croyant », « païen » ou « paria ». Ce mot était également utilisé de manière péjorative pour s’adresser à un Noir ou désigner toute personne de couleur durant la période de l’Apartheid. DOOKOOM a retourné la connotation négative de « kaffir » pour en faire « RIFFAK », inversant son sens (propre et figuré) pour en faire quelque chose de positif: « celui qui croit », « l’accepté ».
Le moment est venu pour DOOKOOM de montrer au monde qu’ils sont une force musicale avec laquelle il faut compter, pas seulement des rockers faisant de la provoc simpliste sur fonds de tensions raciales.