The Marshals
Publié le 14 mars 2017
De passage à La Bourboule pour la première édition du Larsenik Festival, les très authentiques et très bons The Marshals ont pris le temps de répondre à quelques questions pour VoltBass.
Vous avez sorti fin 2016 Les Courriers Session c’est votre quatrième album depuis vos débuts en 2009 ?
Oui on en a sorti un tous les deux ans à peu près.
Les deux derniers sont sortis sur Freemount Records que vous avez rejoint quand ?
Vers fin 2013-2014, l’album précédent est sorti en 2014.
Et comme le collègue (et co-fondateur) de label Adam Wood votre musique renvoie au fin fonds des Etats-Unis. L’inspiration vient d’où ?
De ce qu’on a écouté, de ce qu’on aime, de ce qui nous vient sur le moment quand on joue. On n’a pas d’inspiration précise, le principe c’est qu’on se retrouve, on joue et ça donne ce que ça donne. On ne s’est jamais dit « on va faire dans tel style ». On nous parle souvent du côté Etats-Unis mais ce n’est pas volontaire et pas recherché. C’est le mélange de ce que chacun a écouté et c’est là qu’on se retrouve.
Alors dans les grandes lignes, ce que vous écoutez chacun, c’est quoi ?
C’est trois univers différents mais il y a des trucs sur lesquels on se retrouve ; le blues rock, les Creedence, Howlin’ Wolf… Laurent est plus jazz, Julien plus années 50 à 70, moi je suis plus sur les années 90, Nirvana, Queens of the Stone Age…
Et pour les textes ? C’est Julien qui écrit tout, c’est pareil l’inspiration vient toute seule ?
Oui, c’est souvent des gens que je connais qui m’inspirent, ou des situations par rapport à des gens que je connais.
Toujours en anglais ?
Oui, et ce sera toujours en anglais.
Parce que ça vient en anglais plus naturellement ?
J’ai toujours écouté de la musique anglophone, et je n’aime pas trop le français chanté, que je trouve bizarre. Et puis en français il y a une contrainte : si le texte est simple on se fait reprocher que ce n’est pas de la littérature. Sauf que pour moi la chanson n’est pas faite pour faire de la littérature. J’ai commencé par écouter les Beatles tout petit, « Love me do », « Hello Goodbye »… c’est simple mais c’est bien.
Vous avez enregistré le dernier album du côté de chez vous, vers Moulins ?
Oui à Chatel de Neuvre, entre Moulins et Saint-Pourçain, c’est par le père d’un copain qu’on a loué un petit gite là-bas pendant quatre jours. C’est comme en répèt, on s’installe, on joue, on enregistre et ce qu’il en est sorti reste. On enregistre tous en même temps. Ce qui nous intéresse c’est de passer un bon moment et on le capte. Donc on prend ce qu’on a fait de mieux, et même s’il y a des petits défauts, tant que ça nous convient dans l’ambiance générale on garde. Mais on ne garde que ce qui nous plait à tous les trois.
Et il se trouve que quand vous sortez l’album il plait aussi à beaucoup d’autres gens…
Il plait parce que c’est simple, c’est sincère. On fait de notre mieux, l’objectif n’est pas de plaire, c’est de faire ce qu’on aime, et si ce qu’on a enregistré plait à d’autres c’est formidable.
Comment vous voyez l’évolution de votre musique ? Le dernier album sonne plus brut que les précédents, c’est une évolution naturelle ?
C’est ce qui est sorti sur le moment. Il s’est trouvé que ce qui ressortait à cette période-là était un peu plus roots.
On a la grande chance de pouvoir jouer dans des conditions idéales ; on joue dans le studio de Julien et tout est enregistré, donc on peut garder les morceaux qui nous paraissent biens, les réécouter, et puis on en fait quelque chose.
L’addition de l’harmonica s’est faite en 2013 ?
Oui c’était juste avant le troisième album.
C’est arrivé comment ? Qu’est-ce que ça a changé dans votre façon de fonctionner ?
On se connaissait déjà, on avait joué tous les trois dans un autre groupe, et même avant par un café-concert à Moulins qui s’appelait Les Murs ont des Oreilles et qui faisait des soirées bœuf tous les jeudis, c’est là qu’on s’est connus. L’harmonica amène une couleur.
C’est quand même un trait distinctif, un harmonica dans un groupe de rock, on en entend peu…
Oui à part dans les formations blues plus classiques qui font plutôt des standards, et reprennent des schémas habituels, ce qui n’est pas ce qui m’intéresse le plus… Ce qu’on fait dans le groupe me permet de sortir un peu l’harmonica de ce qu’on entend habituellement.
Aujourd’hui vous êtes un des plus grands noms de la scène rock auvergnate, vous écoutez ou connaissez un peu cette scène ?
Là il y a By The Fall (également présents au Larsenik, et avec qui The Marshals avaient déjà partagé l’affiche en novembre à la Coopérative de Mai). Quand on a joué à la Maison du Peuple on a découvert Niandra Lades pendant l’Electric Palace. Sinon il y a Aurélien Morro & The Checkers, Save the King… il y a plus de groupes à Clermont qu’ailleurs mais on n’en connait pas beaucoup.
Et dans le Bourbonnais du coup ?
Julien a un deuxième groupe qui s’appelle A Loaner, c’est de la folk à l’américaine, parfois un peu country.
Et puis il y a MadamAscar, les Moonjackers… pas mal de groupes à Moulins. Peu de groupes de jeunes par contre, pas de lycéens qui prennent le relais, c’est dommage. Il y a quelques jeunes rappeurs, qui font du rap intelligent, mais pas de groupes de rock jeunes.
Dans ton studio tu vois passer essentiellement des groupes de rock ? Depuis combien de temps que tu le tiens ?
Des groupes rock, folk, rien d’extrême… ça fait dix ans.
Donc tu as un œil sur l’évolution musicale de la région de Moulins, c’est encore dynamique ?
Oui il y a toujours des gens qui font des choses, ils ne font pas forcément beaucoup mais c’est ce qui est bien chez nous, les gens prennent encore le temps de construire, sans urgence, c’est assez représentatif de ce qu’on fait aussi. Donc il y a des choses intéressantes, ne serait-ce qu’au niveau de la démarche.
Et il y a encore assez de lieux pour jouer sur Moulins et l’Allier ?
Il y a la salle Isléa à Avermes, salle de spectacle municipale avec une belle scène et qui fait des efforts pour les groupes locaux ; à Moulins il y a le cinéma ; l’Inter-Mitemps qui est l’ancien Les Murs ont des Oreilles où on s’est rencontrés, on y a joué d’ailleurs, c’est une très belle salle, avec un bon son. Il y a un ou deux autres bars qui font des concerts de temps en temps mais pas dans de très bonnes conditions.
C’est la première fois que vous jouez à la La Bourboule ? Ça fait quoi ?
C’est bien, la salle est sympa, on est bien reçus, on va passer une bonne soirée.
Vous avez encore quelques dates prévues en mai ?
Oui on fait un festival à Brest, La Foire aux Croûte avec expositions de peintres la journée et concerts le soir ; on fait aussi une radio qui sera enregistrée, c’est organisé par le Collectif des Radios Blues qui fait ça tous les deux mois, ils nous ont appelés, c’est une chance de pouvoir y jouer. On fera un festival dans le Cantal fin juillet aussi.
Vous pensez continuer à tourner un peu ?
Oui, on a tous des activités à côté donc c’est compliqué, mais si on arrive à faire une quinzaine de dates ce serait déjà bien. Surtout qu’on préfère ne pas jouer n’importe où, faire moins de concerts mais les faire dans des endroits sympas où on a un bon accueil et où toutes les conditions sont réunies pour que le public puisse écouter ce qu’on fait correctement.
Donc quelques dates à venir, d’autres projets en cours ?
Un enregistrement live : on va reprendre des chansons des quatre albums, peut-être des nouvelles et des reprises avec des copains qui vont venir jouer avec nous. Le temps que tout s’installe, ce sera dans un moment, mais c’est le prochain projet.
Les prochaines dates annoncées pour The Marshals :
- Le 4 mai – Blues Café à L’Isle d’Abeau
- Le 19 mai – Blues Rules Festival, Crissier (Suisse)
- Le 27 mai – Festival La Foire aux Croûtes à Brest
- Le 24 juin – Festival des Musiques Actuelles, Marchal (Champs sur Tarentaine)
- Le 2 septembre – Festival Watt’sonne, Vichy
… quelques dates auvergnates à retrouver très bientôt dans l’agenda VoltBass.
Merci au service culturel de la mairie de La Bourboule pour l’organisation de l’interview.