Ogino

Publié le 10 avril 2019

Interviews

Juste avant la sortie de leur nouvel album, j’ai passé un moment super agréable à discuter avec les membres du groupe Ogino. L’occasion d’en savoir un peu plus sur la création du trio, le projet artistique autour des albums ou encore leurs influences musicales.

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Alors déjà est-ce que vous pouvez nous présenter Ogino ?

Ogino

Elvire : Ogino est né de Kevin et c’était à la base un duo guitare/batterie qui s’appelait Les Renégats de la Super 5. On a fait quelques concerts tous les deux puis on a eu envie d’intégrer un bassiste/contrebassiste. Matthieu a répondu présent à l’annonce. On a également essayé avec des chanteurs mais finalement, on est restés tous les trois. Déjà parce qu’on n’a pas forcément trouvé la personne qu’on cherchait, puis on a fait évoluer les compos dans un sens instrumental. Et maintenant, ça fait 9 ans qu’on est tous les trois ! C’est déjà un vieux groupe !

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C’est donc une volonté de ne pas avoir de chanteur ou chanteuse ? Ce n’est pas trop dur de faire des concerts sans paroles ?

Ogino

Matthieu : Eh bien justement c’est une question qu’on nous pose souvent, mais c’est vraiment une volonté d’être un groupe instrumental.

La première année c’était un peu subi car on a auditionné pas mal de chanteurs puis quand je suis rentré dans le groupe on a continué à 3 à faire du rock sans chanteur.

Finalement on a construit les morceaux de façon complètement instrumentale et sans la volonté de vouloir un chanteur. Même aujourd’hui, si on avait un bon chanteur il ne saurait pas où se placer état donné que les morceaux sont construits sans lui à la base.

Après, peut-être qu’un jour on aura un morceau avec un chanteur en invité sur un album mais sinon on reste instrumental.

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Ogino ça veut dire quoi ?

Ogino

Kévin : A la base c’est un docteur japonais (Dr Ogino) qui a créé la méthode Ogino pour aider les couples à procréer. Puis un autrichien a inversé la méthode pour en faire une méthode de contraception. Beaucoup de couples ont utilisé la méthodologie Ogino à l’envers comme le médecin autrichien le conseillait, et ça n’a pas marché du tout. Du coup il y a eu toute une génération de bébés Ogino dont je fais partie. Mais je fais partie des bébés de ceux qui sont voulus (rires).

J’ai raconté cette histoire à Elvire, puis on a décidé de garder ce nom-là, ça changeait des Renégats de la Super 5 et il y avait une petite histoire. Maintenant on s’y est habitués et on ne voudrait pas changer de nom.

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Vous avez sorti combien d’albums depuis que vous êtes formés ?

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Elvire : Il y a 9 ans on avait enregistré une petite démo en duo guitare-batterie, ensuite on a enregistré une maquette sous le trio Ogino. Puis on a sorti le premier EP en 2012, un premier album en 2015 et le second sort le 11 avril 2019.

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Justement parlons de ce dernier album, comment est-ce que vous vous y êtes pris pour construire les chansons ? Combien est-ce qu’il y a de titres dessus ?

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Matthieu : A la base, Kévin compose et propose toutes les idées de mélodies puis les morceaux se construisent petit à petit. Moi je compose la partie basse tout à la fin.

Pour cet album ça n’a pas été différent des albums précédents, Kévin arrive avec des nouvelles idées, on met la chanson sur pattes, on la fait tourner. Puis une autre arrive et au bout d’un moment ça fait 7 ou 8 morceaux ! Et là, on se dit « Tiens pourquoi ne pas pousser et faire un album ? ».

La plupart des morceaux a une énergie beaucoup plus rock que l’album de 2015 qui, lui, était plus contemplatif. Là il y a eu un changement pour cet album, on a enregistré à Laval chez Amaury Sauvé et on a compris plein de choses sur l’interprétation. Il nous a aidé à aller dans la direction que l’on souhaitait pour avoir un son plus rock, un peu plus violent. Cette expérience va nous aider pour les prochaines compos. Nous sommes un groupe où le moment où l’idée vient et le moment où le morceau est créé est assez long. Il faut au moins 6 mois… C’est pour ça qu’on ne sort pas des albums tout le temps. Quand on est partis travailler à Laval avec Amaury, c’était la première fois qu’on sortait pour aller enregistrer un album chez quelqu’un. On est ressortis très satisfaits. Déjà humainement mais surtout professionnellement, il est irréprochable et force de proposition. Il est producteur dans le vrai sens, il nous a aidé à nous faire une idée du disque que l’on veut. Parfois il nous a mis face à nos contradictions pour que l’on réfléchisse et qu’on se dise « comment est-ce qu’on va faire pour régler ce problème ? ». Il nous a fait prendre de la hauteur et du recul sans jamais rien imposer, bref, il nous a ouvert beaucoup de perspectives, il nous a appris à changer un peu notre façon de travailler et à réfléchir plus profondément à certains aspects de la musique en respectant tout à fait ce qu’est Ogino.

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On parle de ce dernier album, il paraît qu’il y a un projet un peu fou autour de la pochette ? Je crois que c’est toi Kévin, qui a eu cette idée un peu folle, est-ce que tu peux nous en parler ?

Ogino

Kévin : L’idée d’Ogino, c’est de faire des pochettes originales. Pour l’EP,  c’était un pliage sur un papier cartonné avec un dessin. Ce pliage a peut-être déjà été fait mais je l’avais trouvé par moi-même. Le premier album était en bois avec deux battants reliés avec une ficelle de lin, et marqué au fer rouge. C’était beaucoup de travail mais l’idée me plaisait bien ; j’avais fait 300 exemplaires. Là, pour le nouveau il y en a 800. Il est en bois de hêtre et l’idée était d’acheter des planches de hêtre pas trop épaisses, de les passer à la défonceuse, et de faire 800 trous pour faire des renfoncements pour mettre le CD. Toutes les planches ont été assemblées pour faire un tableau qui fait 4 mètres 50 par 3 mètres 50, peint à l’acrylique. Le tableau représente un visage. On a pris beaucoup de temps pour le peindre, mais également pour le « salir », en rajoutant des giclures de peinture, de la matière, afin que sur chaque pochette il y ait une texture intéressante. Ensuite le tableau a été découpé. Chaque pochette d’album est donc unique et forme les pièces d’un puzzle géant. L’intérieur est tamponné avec le nom des morceaux. Sur le devant de la pochette,  le logo Ogino, est tamponné en linogravure. La tranche de l’album est tamponnée avec le nom de l’album ;  il s’appelle « Lueurs ».

 

Matthieu : C’est vrai qu’en 2019 les gens achètent moins de CD, ils téléchargent beaucoup en numérique car c’est plus pratique. Quand ils veulent un bel objet ils achètent le vinyle. Le CD a un petit peu perdu de sa superbe, peu de personnes en achètent et c’est intéressant de prendre le truc à contre-pied en disant qu’on peut lui donner  une valeur en tant qu’objet artistique avec une création. Et c’est ça qui est super chouette avec l’idée de Kévin ; de se dire que ce ne sont pas des CD ordinaires avec un boîtier cristal et un petit livret mais que c’est effectivement un objet qui va intriguer les gens, ne pas les laisser indifférents…

  

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Où est-ce que on peut vous voir en concert prochainement ?

Ogino

Elvire : On revient de 4 jours d’une petite tournée qu’on a faite pas très loin entre Mâcon et Bourges. La prochaine tournée sera en avril pour présenter l’album. On aura une seule date sur Clermont, tout le reste sera un petit peu partout en France.

A Clermont, ce sera au Raymond Bar le samedi 20 avril avec les copains de Format et Super Parquet. Et puis après il y aura d’autres dates, notamment le 9 juin pour l’inévitable festival des 24 Heures du Myon. On va essayer de rajouter des dates pour l’été et de faire une tournée d’un an de sortie d’album.

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Quels artistes vous ont influencés ?

Ogino

Kévin : C’est le rock progressif des années 70 et celui des années 60, les classiques, les Beatles, les Doors, Television. Rien de très original. En plus récent il y aurait Papier Tigre, Toe. Puis bien sûr Calogero (rires) le patron, tout le monde aime Calogero !

 

Elvire : c’est très varié. J’écoute des styles très différents. Je suis peut-être la patte un peu plus  jazz parce que j’en joue et j’en écoute beaucoup. On aime bien Gogo Penguin et The Bad Plus…

 

Matthieu : j’ai un peu moins d’influences sur les compositions mais dans le son de groupe je peux être influencé par des choses comme Town Portal, Totorro. Les trucs appartenant au style qu’on appelle le « math-rock ». C’est une étiquette un peu pénible à porter, c’est en gros de la musique qui se base sur des mesures qui ne sont pas tout à fait les mêmes. Nous on se retrouve là-dedans presque par hasard parce que Kévin quand il compose ses mélodies c’est pas tout droit, c’est pas tout le temps la même durée pour les mesures. Mais pour nous ce n’est pas une volonté d’être différent tout le temps ! On a été étiqueté « math-rock » mais c’est parfois un peu collant, on préfère presque dire « rock instrumental ».  De mon côté j’écoute peut-être les trucs les plus violents du groupe ou la basse est très présente par exemple j’écoute beaucoup Converge.

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Pour terminer est-ce que chacun d’entre vous peut nous partager votre musique du moment à ceux qui liront cette interview ? Votre musique incontournable ou un coup de cœur …

Ogino

Elvire : Bin le gros coup de cœur c’est le deuxième album d’Ogino qui est pas mal (rires)

Matthieu : En coup de cœur du moment je peux parler d’un groupe finlandais avec qui on a déjà joué, qui nous a un peu interloqués quand on a joué avec eux. Ça s’appelle Nyos, c’est hyper original, c’est batterie/guitare c’est un jeu presque épileptique mais très sympa. Et sinon j’écoute un truc en boucle qui s’appelle Daughters c’est un peu spécial c’est du rock très dissonant est pas très mélodique.

 

Kévin : j’écoute vraiment pas grand-chose en ce moment mais c’est vrai que à part Nyos  je n’ai pas trop de choses à conseiller.

 

Elvire : oui Nyos excellent ! Je conseille également d’aller écouter ! En ce moment j’écoute une harpiste qui chante et qui trafique ses sons, c’est Laura Perrudin. C’est incroyable, intimiste et très beau ; je suis emballée par son nouvel album.

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