Sophia Djebel Rose

Je chante des chansons en français en m’accompagnant d’une guitare et parfois d’un harmonium indien. En quelques mots je dirais : Extase du jour qui se lève. Erotisme des forêts. Luxe et simplicité.

Plus qu’une idée il s’agissait pour moi d’une évidence voire d’une nécessite. Raoul avec qui je forme An Eagle in your Mind me fait dévier de ma trajectoire et c’est la force de notre duo. Les titres que nous composons à deux émergent de longues improvisations. Les titres que je compose seule proviennent d’émotions profondes que je ne peux mettre en musique que dans la solitude.

 

Je crois qu’être musicien c’est inventer un langage pour dire ce qu’on est pas capable de dire. Il y a beaucoup de choses que je ne peux pas dire dans la vie. Chanter anglais m’autorise à dire très simplement des choses que je ne dirais pas dans ma propre langue, à cause d’une certaine pudeur. Quand je chante en français je dois toujours trouver des détours pour dire. Mais du détour naît la métaphore et donc la poésie.

Le premier album d’Angel Olsen Half Way Home m’a beaucoup influencé et m’a donné envie de faire ce que je fais. Sinon mes chansons viennent souvent de rencontres qui me bouleversent. Il peut s’agir aussi bien d’une personne, que de la rencontre avec un animal sauvage ou d’un paysage.

Les confinements et diverses restrictions ont surtout suscité chez moi de la colère et du désarroi. Beaucoup de dates ont été annulées. L’injustice criante des mesures prises (la fermeture des théâtres et salles de concerts vs. des galeries marchandes blindées) m’a plus donné envie de casser des murs que de composer.

Une tournée est en cours de gestation pour ce printemps ! Le dernier concert en date c’était à Genève. Mais sinon oui j’ai surtout joué dans le coin. À la Coopérative de Mai récemment ou dans des lieux pirate comme il y en a quelques-uns dans nos terres sauvages.

Il s’agit de neuf titres assez dépouillés. Et ça s’appelle Métempsycose. C’est souvent que je ressens une intimité profonde avec les choses qui m’entourent, lézards, hommes, femmes, rivières, fauves, oxygène, soleil. L’idée de la Métempsycose, selon laquelle nos âmes habitent successivement tous ces corps me permet d’expliquer cette intimité avec le monde. Et je crois qu’en dernier lieu c’est de ça que parle mon album : notre appartenance au dehors et à l’au-delà.